Cet article aborde les types de comportements de façon descriptive. Il est particulièrement intéressant pour les stagiaires de nos formations ACT. Il a une tendance à utiliser les « termes consacrés » en analyse du comportement, en tentant de rester lisible. Il fait un excellent exercice et permet d’évaluer votre niveau de maitrise.
Les comportements sont de différents types : publics, privés, innés, acquis, associatifs.
Les comportements publics
Un comportement public est le mouvement d’un organisme vivant qui peut être perçu par un autre organisme vivant.
Les réponses physiologiques sont considérées comme des comportements si elles sont fonctionnellement reliées à des circonstances environnementales. Il est alors intéressant de les inclure dans l’analyse du comportement. Si ce n’est pas le cas, elles n’intéresseront pas l’analyste du comportement.
Le terme comportement est parfois utilisé pour décrire une nouvelle activité. Un nouveau comportement est un comportement qui ne rencontre aucune caractéristique de la classe des comportements habituellement émis dans le contexte qui le voit apparaitre. Par exemple, dans le contexte d’un cours à l’université, vous aller devant le professeur et vous faites une roue juste avant qu’il ne commence sont cours. Dans l’hypothèse où vous ne l’avez jamais fait, bien entendu. Ce qui distingue le nouveau comportement des autres, c’est qu’il est uniquement relié de façon fonctionnelle au comportement qui va le suivre alors que les comportements opérants sont fonctionnellement reliés aux comportements qui les précèdent et à ceux qui les suivent.
La relation entre la perception et les différentes définitions du comportement est très importante. Pour beaucoup d’auteurs, la perception du comportement par un autre organisme est une condition nécessaire à l’identification du mouvement en question comme comportement. On est en droit dès lors de se poser des questions sur l’acte de percevoir.
Certains considèrent que percevoir n’est pas un comportement mais une partie de comportement. Observer une lampe rouge est une partie de ce qui se passe lorsque nous répondons à une lampe rouge, et ce quelle que soit notre façon d’y répondre. L’acte de percevoir ne peut être renforcé par des conséquences tant qu’il n’est pas suivi par un comportement. Par exemple, percevoir la couleur rouge sera renforcé quand on appuiera sur les freins de la voiture. La question de la perception est d’autant plus intéressante lorsque d’autres stimuli contrôlent la «perception du rouge». Dans une expérience classique de Bruner et Postman (1949) où ceux-ci présentent à des sujets un jeu de cartes dont les couleurs sont inversées, les coeurs colorés en noir et les piques en rouge, un pourcentage significatif des participants diront que les coeurs sont rouges. Le «coeur» est un stimulus qui contrôle la perception du rouge, même lorsque la couleur est physiquement absente. Le comportement de voir est, ici, fonction des circonstances environnementales et de l’histoire d’apprentissage du comportement.
Les comportements privés
Les comportements privés sont une classe de comportements dont l’étude a principalement été stimulée par Skinner. Il s’agit des comportements qui se déroulent « à l’intérieur de la peau ». Bien que Watson (1919) mettait en bonne place les stimuli et réponses implicites dans l’analyse du comportement, c’est Skinner qui leur donne leurs lettres de noblesse en les posant comme comportements opérants. En behavioriste radical et dans un souci de proposer une théorie complète, Skinner se devait de définir avec précision les comportements privés pour éviter de voir des propositions mentalistes venir s’ajouter une théorie qui serait apparue comme incomplète.
Traditionnellement, deux types de comportements privés sont différenciés. Le premier type est le ressenti, les sentiments, ou encore les conditions sensorielles du corps. Le second regroupe les activités opérantes couvertes (par exemple, les pensées, les imageries mentales …).
Les ressentis
La fonction des ressentis est le comportement qu’ils suscitent dans l’organisme. Ils ne sont pas pour autant la cause du comportement. Selon Skinner (1953), il faut remonter suffisamment loin dans la chaine causale pour trouver la cause du comportement dans les conditions environnementales. Par exemple, la cause de l’anxiété ou de la dépression d’une personne n’est pas à trouver dans son style de pensée. Elle trouve sa source plus probablement dans l’histoire de renforcement de la personne où certaines réponses qui étaient auparavant renforcées, ne le sont plus ou ont été punies. L’intervention devra se centrer davantage sur la correction des circonstances qui produisent les sentiments que sur le fait de considérer les sentiments comme des entités médiatrices et autonomes et de tenter de les corriger verbalement. Une notion importante concernant les ressentis est la façon dont l’individu en parle. Le problème majeur est la question du caractère privé des ressentis et sensations.
Le comportement verbal est développé par le renforcement différentiel fourni par la communauté verbale d’appartenance. En présence d’un stimulus discriminatif approprié, la communauté verbale renforce le comportement verbal, en son absence, elle ne le fait pas. Donc, pour qu’un comportement verbal (par exemple : «je suis triste») soit renforcé de façon différentielle par la communauté (par exemple : empathie, consolation, recherche de solution), celle-ci doit avoir accès au stimulus discriminatif (la sensation/ressenti de tristesse). En posant le comportement verbal sous le contrôle discriminatif de sentiments ou de sensations internes, ceux-ci ne sont pas accessibles à la communauté. Par exemple, la vocalisation «je suis triste» sur un ton neutre sans aucune autre manifestation extérieure est sous contrôle interne. Les individus doivent apprendre à communiquer leurs sentiments et sensations pour que le renforcement différentiel puisse se produire. Comment communiquer à la communauté verbale les stimuli auxquels elle n’a pas accès ? En les rendant publics. Cette activité de transfert du contrôle discriminatif se produit de plusieurs façons.
La communauté verbale renforce le comportement verbal concernant les sensations et sentiments lorsque ce comportement accompagne les caractéristiques publiques de ce qui cause la peine ou encore les caractéristiques de la peine. Concernant la tristesse, on pourra en parler comme étant profonde, ou encore dire qu’on a le coeur brisé, serré dans un étau … ou encore utiliser une autre métaphore assignant un terme descriptif à ce qui cause le sentiment ou la sensation ou à la qualité de ces derniers. Skinner propose de les appeler des accompagnements publics.
Une autre activité permettant de transférer le contrôle interne à des éléments externes est ce que Skinner appelle les réponses collatérales. Il s’agit d’accompagner le stimulus par un comportement qui lui est relié : hurler de douleur (souffrance physique) ou encore utiliser la locution «Aïe!», sursauter (surprise), pleurer (tristesse), faire la moue (frustration) ou encore adopter une posture reliée à la sensation interne (se tenir le front lorsque l’on souffre d’une migraine).
Pour finir, il reste à distinguer la généralisation du stimulus qui fait référence au comportement verbal recourant, comme dans le cas d’accompagnement public, à un usage métaphorique de la description d’une stimulation externe qui partage des caractéristiques avec celle éprouvée à l’intérieur. « Avoir froid dans le dos » est un exemple de ce type de comportement.
Les activités opérantes couvertes
Le second type de comportement privé fait référence à tout ce qui n’est pas simplement exprimer ses ressentis : penser, produire des images mentales, résoudre des problèmes sont des événements faisant partie de ces activités opérantes couvertes. Ces événements sont comportementaux et ne se manifestent pas publiquement. Ils accompagnent parfois les événements publics, mais pas tout le temps. Lorsqu’ils sont présents, la question à se poser concerne leur relation fonctionnelle à la situation. S’ils ont une contribution fonctionnelle, ils contribuent alors au contrôle discriminatif. Les activités opérantes couvertes acquièrent leur fonction discriminative car elles partagent certaines propriétés avec leur homologues publics.
Comportements innés ou acquis
Les comportements innés
On distingue différentes formes de comportements innés :
Le réflexe. Il est conceptualisé par Skinner comme comportement répondant. Si un comportement est émis par un stimulus sans qu’il y ait eu une seule expérience post-natale avec celui-ci, ce dernier est appelé stimulus inconditionné et sa réponse un répondant non conditionné. L’exemple le plus connu est la salivation lors de la présentation de nourriture.
Le tropisme est un changement de l’orientation de l’organisme en réponse à une stimulation du milieu. La kinésie est l’une des deux formes de tropisme. Elle fait référence au mouvement d’un organisme en réponse à un stimulus. La kinésie est une réponse non directionnelle. La taxie, l’autre forme de tropisme, est également une réponse de l’organisme en réponse à un stimulus. Cependant le stimulus guide, oriente la réponse de l’organisme soit sous la forme d’une approche soit sous la forme d’un éloignement de la source du stimulus.
Le modèle d’action fixe (MAF, de l’anglais Fixed Action Pattern) est une réponse spécifique de l’organisme qui a comme caractéristique d’être stéréotypée et de se déclencher automatiquement lors de la présentation d’un stimulus spécifique. Le déclenchement est relativement indépendant du contexte environnemental immédiat. Les MAF peuvent faire partie de séquences de comportements innées ou acquises. Les MAF recouvrent en général les comportements liés à (1) l’alimentation ; (2) la cour et la reproduction ; (3) la nidification ; (4) les activités sociales et les rituels ; (5) le combat, l’attaque, l’agression.
Les comportements acquis
Outre les comportements innés, nous sommes capables d’apprendre des comportements. Par apprentissage, nous entendons des changements du comportement résultant d’un rapport avec des stimuli «événements» ou «relations» dans l’environnement. Les changements du comportement concernent la topographie de la réponse, les propriétés de la réponse (force, durée, rythme, taux) ou les circonstances dans lesquelles la classe de cette réponse se manifeste (Moore, 2008). Une distinction importante est à faire entre l’apprentissage associatif et non-associatif. Deux exemples connus d’apprentissage non-associatif sont l’habituation et la sensibilisation. L’habituation est la diminution de l’émission d’un comportement après des contacts répétés avec un stimulus. La sensibilisation est l’augmentation de l’émission d’un comportement après contacts répétés avec un stimulus. Dans les deux cas, le changement comportemental est un changement de la topographie de la réponse et est obtenu à travers une seule manipulation expérimentale : la présentation répétée du stimulus. La question de savoir si l’apprentissage sera de l’ordre de l’habituation ou de la sensibilisation après la présentation du stimulus dépendra de la spécificité du stimulus et du système de réponse qui est stimulé. L’apprentissage non-associatif est parfois considéré comme la forme la plus simple d’ajustement comportemental. L’apprentissage associatif implique des opérations expérimentales dans lesquelles les événements-stimuli de l’environnement sont soit corrélés entre eux soit avec le comportement. Les deux formes d’apprentissage associatif les plus étudiées sont le conditionnement répondant et le conditionnement opérant.
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