FAP – Psychothérapie basée sur l’Analyse Fonctionnelle

 

La Psychothérapie basée sur l’Analyse Fonctionnelle (de l’anglais Functional Analytic Psychotherapy – FAP) est basée sur l’analyse comportementale de la relation thérapeutique. La FAP est pertinente dans les cas où le problème majeur du client est en lien avec le fait de rentrer en relation avec autrui.

Elle peut s’utiliser avantageusement avec d’autres formes de thérapies, sans que celles-ci abandonnent leurs postulats théoriques. Elle s’intègre facilement à l’ACT dans la mesure où elles partagent un grand nombre de similarités tant au niveau de l’orientation philosophique de théorique.

Le thérapeute FAP intervient à travers 5 processus : (1) l’observation des comportements cliniquement significatifs du client en séance ; (2) la structuration de l’environnement thérapeutique de façon à augmenter l’occurrence de ces comportements ; (3) le renforcement des améliorations de ces comportements ; (4) le développement de la conscience dont les comportements du thérapeute influencent l’apparition des comportements du client et (5) le développement de la capacité du client à décrire ses comportements de façon fonctionnelle : quelle est la relation entre les comportements (pensées et sentiments), les conditions qui les ont amené et les conséquences qui les suivent.

La traduction des termes «functional analytic»

Je choisi de traduire «Functional Analytic Psychotherapy» en «Psychothérapie basée sur l’Analyse Fonctionnelle» et non comme le suggèrent d’autres auteurs en Psychothérapie Analytique Fonctionnelle. Cette dernière proposition, sans doute plus proche d’une traduction littérale de « functional analytic », pose problème. Au delà du fait que la traduction renvoie à une pratique relativement obscure, elle contient le terme «analytique» fortement associé à la psychanalyse encore très présente dans le monde francophone et que celle-ci est assez loin, théoriquement parlant, de la FAP. Je choisi donc «basée sur l’analyse fonctionnelle» car cette traduction reflète davantage, à mes yeux, le processus sous-jacent qui est l’analyse fonctionnelle de la relation thérapeutique, du comportement du client et du thérapeute pendant la séance. De plus, par rapport à notre communauté verbale d’appartenance, elle renvoie davantage la FAP dans une tradition comportementale que se propose de le faire le terme «analytique».

L’hypothèse relationnelle

Les auteurs de la FAP proposent l’idée suivante : lorsque l’on souffre de problèmes interpersonnels, ceux-ci ce manifestent dans les situations interpersonnelles. Jusque là, rien de sorcier. L’entretien thérapeutique est une situation interpersonnelle. Il y a donc de forte chance que les problèmes d’ordre interpersonnel se manifeste également dans cette situation. La relation thérapeutique peut être utilisée de façon à aider le client à développer des habiletés relationnelles satisfaisantes lui permettant d’entrer en relation avec autrui avec sincérité et authenticité.

Les comportements cliniquement significatifs (CCS)

La FAP distingue trois types de comportements significatifs du client se produisant en séance.

Les CCS1 sont les comportements problèmes qui se produisent en séance. Les CCS1 sont identifiés lors de la conceptualisation et en accord avec les buts thérapeutiques du client. Il est nécessaire qu’il y ait une correspondance entre les CCS1 et les problèmes que rencontre le client dans sa vie de tous les jours pour que le travail sur les CCS1 ait une utilité thérapeutique. Pour comprendre et identifier les CCS1 il faut les aborder en classe de réponses dont la topographie peut varier considérablement. L’objectif thérapeutique est, par le biais de l’utilisation des contingences de renforcement en séance, de diminuer les CCS1 et de généraliser leurs diminutions aux situations de la vie de tous les jours. Assez régulièrement, les CCS1 sont sous le contrôle de stimuli aversifs et prennent la forme d’un évitement. Bien que l’évitement ne soit pas la seule classe de comportement que puisse revêtir un CCS1.

Les CCS2 sont les améliorations des comportements cliniquement significatifs en séance. Il s’agit des comportements fonctionnels alternatifs aux CCS1 que le thérapeute tente d’entrainer, renforcer, au cours de la séance.

Les CCS3 sont les interprétations fonctionnelles du comportement. Les interprétations fonctionnelles sont des mises en évidence des contingences de renforcement qui contrôlent le comportement du client. C’est à dire la mise en lumière des stimuli discriminatifs et des conséquences renforçantes du comportement. Tout discours causal est une opportunité de mettre en évidence les contingences et est donc important pour la thérapie. Encourager les CCS3 est essentiel car ils permettent la généralisation des CCS2 aux situations de la vie quotidienne.

Les principes FAP

La FAP adopte une position inconditionnelle concernant le fait que les CCS sont évoqués en situation thérapeutique. Une situation interpersonnelle implique deux individus. Dans le contexte thérapeutique, on retrouve cette situation. Il est possible que le thérapeute adopte des comportements qui soient reliés à des CCS1 chez le client. Cette relation de coordination entre la vie de tous les jours et le contexte thérapeutique va provoquer des transfères de fonction et amener le client à se comporter avec le thérapeute comme il le ferait avec tout autre être humain. Si ce genre d’interactions est problématique pour le client, que celui-ci adopte des comportements qui ont un impact sur son degré d’intimité avec autrui, cela se produira aussi avec le thérapeute.

Les CCS peuvent être modifiés par shaping via l’application de contingences spécifiques dans le contexte thérapeutique. Une prémisse fondamentale de la FAP est que ce qui est le plus proche des comportements du client, en termes de contingences, est l’intervention du thérapeute. Plus rapide sera le renforcement, plus fort sera le changement. Il est donc essentiel que le thérapeute développe une conscience aigüe des classes de comportements du client afin de renforcer les CCS2 lorsqu’ils se présentent, sans tarder.

D’autre part, mettre en évidence les renforceurs naturels du client permet d’augmenter la force des interventions thérapeutiques en (1) permettant au client d’être renforcé par des formes d’échanges verbaux qu’il pourra trouver dans son environnement naturel et (2) de stimuler le client avec les renforceurs qui fonctionnent avec lui.

Egide Altenloh
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